Beauté

Interview : Estampe, estomper les normes de la beauté

September 2022

Alors que le printemps approche, la lassitude face à la longueur de la pandémie et des restrictions imposées s’ajoute à l’angoisse d’un contexte flou, aucune date de sortie de crise ne pouvant être actée. En cette période où les craintes semblent supplanter les espoirs de changement, pourquoi ne pas laisser la parole à de jeunes entrepreneurs qui participent activement, via leur projet, à la création d’un monde différent ?

Nous avons ainsi eu l’opportunité de discuter avec Anne Wonner, la fondatrice d’ESTAMPE COSMETICS. Lancée officiellement début 2021, Estampe est la première marque de maquillage naturelle, éco-conçue et non genrée en France.

Porté par la volonté de dé-genrer le maquillage et d’aider chaque personne à prendre confiance en elle, ce jeune entrant sur le marché propose une vision nouvelle du maquillage et de la beauté.

Alexandra Hostier - Fashion Editor : Bonjour Anne ! Comment définiriez-vous votre projet « Estampe » et comment l’idée de sa création s’est-elle formée ?

Anne Wonner - Fondatrice d'Estampe Cosmetics : Bonjour Carlin ! Estampe, c’est une marque de maquillage éco-conçue et non-genrée qui aide à prendre confiance en soi, sans voiler ou modifier notre singularité. Cette idée est née d’un constat simple : on se maquille pour prendre confiance en soi. Or, ni la beauté ni la confiance en soi ne sont des questions de genre. Il semble donc aujourd’hui juste d’ouvrir cette catégorie à toute personne intéressée, sans figer l’utilisation de ces produits à un genre donné.

Anne Wonner - Fondatrice d'Estampe Cosmetics


E.K : L’univers des cosmétiques vous a toujours passionné ?

S.B : Oui, j’adore la beauté depuis l’enfance. Est-ce que cela vient de ma grand-mère très élégante et très coquette ? C’est possible, je pense qu’elle m’a transmis son amour du beau sous toutes ses formes. Cette passion enfantine est surtout passée par l’univers du parfum : après des années à collectionner les miniatures de parfums petite fille et à me passionner pour les campagnes de publicité, j’ai pensé devenir nez. J’avais ce double intérêt pour l’art et les sciences : j’ai finalement opté pour les arts appliqués.

A.H : Pouvez-vous nous en dire plus sur cette volonté de « dé-genrer » le maquillage ? Pourquoi se définir comme une marque « non-genrée », plutôt qu’unisexe ?

A.W : Tout d’abord, il est important de rappeler que le “genre” est avant tout culturel et social, alors que le “sexe” est biologique. Le genre d’une personne se compose de ses comportements, sa gestuelle, son style ou tout autre attribut non biologique. Chez Estampe, on déconstruit une vision binaire du genre, une idée selon laquelle une personne est soit féminine soit masculine. Nous approchons le genre avant tout comme une notion fluide, variable dans le temps et selon les personnes. Selon nous, la beauté est avant tout une énergie et elle s’exprime dans tous les genres. Une fois cela expliqué, il est donc clair qu’utiliser le terme « unisexe » n’est pas correct et trop étroit pour y inclure le maximum de diversités qui composent ce monde.

Campagne F / Campagne H

A.H : Comme déclaré sur votre site : “aider chaque personne à prendre confiance en elle” est votre objectif. Quelle vision de la beauté et du maquillage souhaitez-vous communiquer avec Estampe ?

A.W : Le maquillage a souvent véhiculé une image ultra glamour, voire même sexualisée de la femme, De manière plus grave encore, l’industrie a créé des visions erronées des résultats possibles grâce au maquillage, via des publicités où le teint d’une mannequin était ultra photoshoppé (de grandes enseignes se sont même vues épinglées pour publicité mensongère). Je pense que ces standards de beauté inatteignables nous ont tou.te.s. impacté dans notre estime personnelle. De la même manière que réserver le maquillage aux femmes a marginalisé toute autre personne qui souhaitait en utiliser. Pourquoi ? Notre vision est celle d’un maquillage simple, naturel et plaisant, que l’on utilise pour se faire du bien à soi, et non pas pour se conformer aux normes sociétales. C’est un maquillage qui dépasse les stéréotypes du genre. Enfin, c’est un maquillage qui s’engage pour l’environnement, avec une gamme naturelle, rechargeable et sans plastique.

Normes de beauté

A.H : « Notre maquillage est naturel et éco-conçu, nous nous engageons à respecter un haut taux de naturalité » peut-on en effet lire sur votre site. Comment se traduit concrètement cet engagement éco-responsable d’Estampe ?

A.W : Notre engagement éco-responsable se traduit principalement à deux niveaux. Tout d’abord, on le retrouve au niveau des formules, de la composition. Nous avons établi une “black-list” d’ingrédients stricts. Nous avons ainsi exclu un grand nombre d’ingrédients controversés ou avérés nocifs pour la peau mais aussi pour l’environnement car peu biodégradables. Dans un second temps, notre engagement est visible au niveau du packaging. Nous avons ainsi créé un boîtier universel (car compatible avec toutes les références de la gamme) et rechargeable en liège, une matière naturellement renouvelable, 100% naturelle et collectée en Espagne. Notre packaging est sans plastique et fabriqué dans un pays limitrophe à la France. Nous avons réussi à rester local dans une industrie où la majorité des contenants sont habituellement fabriqués en Asie. Pour nos produits, la fabrication est réalisée soit en France soit dans le nord de l’Italie.

Anticerne beige clair / Packaging / Boîtier en liège

A.H : Leurs pré-commandes étaient ouvertes jusqu’au 21 février. Pouvez-vous nous dire quels produits composent votre toute première gamme ?

A.W : Nous avons aujourd’hui 4 basiques pour un teint frais : un baume à lèvres, un anticerne, une poudre matifiante et une poudre bronzante.

A.H : Avant même de lancer votre campagne de crowdfunding, vous êtes passés du simple discours sur l’inclusivité à l’action directe, en mettant en place (avec succès) un podcast et des séances photos participatives mensuelles. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces deux formats, leurs objectifs et impacts sur la construction d’Estampe et de sa communauté ?

A.W : Le podcast pour nous, c’est une façon de parler à d’autres entrepreneur.euse.s qui souhaitent avoir un impact positif sur la société et c’est aussi pouvoir parler d’Estampe de l’intérieur. À côté de cela, nos séances photos participatives sont une manière de concrétiser notre mission : donner confiance aux gens. On permet à des membres de notre communauté d’être pris.es en photos en studio, par des pros et en échange ils témoignent sur leur vision de la beauté.

Podcast

Cela permet de mettre en lumière une beauté plurielle et réelle et c’est important de ne plus imposer de discours ou de normes mais de laisser la place à l’expression de chacun.e.

Séance photo #egoboost – @estampecosmetics


A.H : Quel impact positif ces périodes de confinement ont-elles pu avoir selon vous, sur la vision de la beauté et du maquillage dans notre société ?

A.W : Je pense qu’on a réalisé grâce aux confinements successifs qu’on faisait beaucoup de choses pour se conformer au monde extérieur. Forcé.e.s de rester beaucoup chez nous, nous avons arrêté de faire certaines choses que nous nous imposions quotidiennement, ou au contraire, nous avons essayé des choses nouvelles sans crainte du regard des autres. La leçon positive, c’est donc que nous avons retrouvé le plaisir de faire des choses pour soi et non pour exister dans le regard d’autrui. Une leçon qui, je l’espère sincèrement, sera conservée dans le temps.

A.H : Des projets et objectifs de développement pour Estampe en 2021 ?

A.W : Le grand projet c’est le lancement du site e-commerce Estampe et (je l’espère), le développement de nouveaux produits avant fin 2021 !

Self love revolution graphisme


A.H : Merci beaucoup Anne, pour vos réponses et partages inspirants. Retrouvez plus d’informations et suivez la belle aventure ESTAMPE sur leur site internet ou encore sur leur compte Instagram juste ici.

Alexandra Hostier
Fashion Editor

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